Contrôle
génétique du développement
Thierry Darribère
Laboratoire de Biologie du Développement, UMR CNRS 7622, Université
Paris 6, Paris
Les
mécanismes moléculaires et génétiques qui contrôlent
le développement présentent dans le règne animal des similitudes
importantes. Les programmes de développement des organismes sont inscrits
dans les patrimoines génétiques. Les cellules issues d'une même
cellule-oeuf ont la même information génétique et pourtant
elles acquièrent progressivement des potentialités de développement
différentes. La compréhension des processus à l’œuvre
au cours du développement a beaucoup progressé notamment grâce
à l'étude de certaines mutations génétiques changeant
le cours du développement chez la drosophile. Elle montre que le projet
morphogénétique de l’embryon est contrôlé de
manière hiérarchique par l’activité de gènes
spécifiques. Ils déterminent progressivement la régionalisation
et l’organisation de l’embryon. La même hiérarchie
et le même ordre d'expression ont été retrouvés chez
la souris et chez l'homme. Les gènes impliqués codent des protéines
qui agissent sur d’autres gènes, des facteurs de transcription
qui mettent en place une cascade de contrôles génétiques.
D’autres codent des protéines de communication intercellulaires,
des signaux diffusibles capables d’agir à distance pour imprimer
une information. D’autres enfin produisent des protéines réceptrices
et des molécules de transduction pour véhiculer cette information
vers le noyau et engendrer des contrôles transcriptionnels. La hiérarchie
et la combinatoire d’expression de ces gènes, qui peuvent varier
dans l’espace et le temps, permettent d’attribuer à chaque
cellule son identité. Elles permettent également d’engendrer
une communication constante entre les cellules permettant de coordonner la diversité
cellulaire pour aboutir progressivement à l’établissement
d’une organisation embryonnaire de plus en plus précise.