Angiogenèse et Facteurs mécaniques
Nathalie Kubis, Bernard Lévy
INSERM U541, Hôpital Lariboisière, 75010 Paris


L’angiogenèse est la formation de nouveaux vaisseaux sanguins (capillaires, artérioles, veinules et lymphatiques) à partir du réseau pré-existant. Ce phénomène joue un rôle primordial dans la croissance, la survie et le fonctionnement, physiologique ou pathologique, de nombreux tissus. Le processus d’angiogenèse est toujours initié par la prolifération et la migration de cellules endothéliales qui donnent naissance à des tubes primitifs qui se développeront en vaisseaux sanguins matures. La migration des cellules endothéliales nécessite la perte de leurs jonctions inter-cellulaires, le décollement de leur membrane basale et la dégradation de la matrice péri-cellulaire. Les cellules endothéliales peuvent ainsi migrer vers le stimulus angiogénique (VEGF, FGF etc.), « bourgeonner », former des tubes primitifs puis s’organiser en réseau.
L’angiogenèse peut être bénéfique dans des circonstances pathologiques comme la cicatrisation post-traumatique ou la reperfusion de tissus ischémiques. L’angiogenèse participe au processus pathologique dans d’autres circonstances, dans les processus tumoraux, inflammatoires chroniques (psoriasis, arthrite) ou ceux qui accompagnent l’instabilité de la plaque d’athérome par exemple.
On dispose de nombreuses observations montrant que le débit sanguin et, plus précisément les contraintes de cisaillement, participent au contrôle de l’angiogenèse. L’exposition prolongée à l’altitude, ou l’entraînement physique régulier s’accompagnent d’une augmentation de densité capillaire dans les muscles striés en rapport avec une augmentation des débits sanguins locaux. In vitro, la vitesse de prolifération et de migration des cellules endothéliales est directement liée aux contraintes de cisaillement. Le nombre de tubes capillaires, étape préliminaire de l’angiogenèse, augmente dans les conditions expérimentales qui reproduisent les contraintes de cisaillement physiologiques. Il semble que les protéines G, ou du moins certaines de ses sous-unités, participent à la mécanostransduction dans les cellules endothéliales et soient donc impliquées dans la réponse angiogénique de ces cellules aux contraintes de cisaillement.