Morphogenèse et Epigénétique : les multiples significations du terme « épigénétique »
Michel Morange
Unité de Génétique Moléculaire, Ecole Normale Supérieure, Paris


Le terme « épigénétique » fut proposé en 1940 par Conrad Waddington, en référence au terme épigenèse, pour désigner l’ensemble des processus allant du génotype au phénotype. Aujourd’hui, l’épigénétique désigne les variations de l’activité génique, transmises de manière héréditaire, qui ne sont pas liées à des modifications de la séquence nucléotidique ; en pratique, il s’agit des phénomènes (associés) de méthylation de l’ADN et de modifications stables de la chromatine.
Dans sa première acception, l’épigénétique a été l’objet de toutes les attentions des biologistes moléculaires et des embryologistes au cours de ces dernières décennies. On est progeressivement passé d’une vision très « génocentrée » à une conception laissant place aux différents niveaux d’organisation du vivant, en particulier au niveau cellulaire, à l’existence de phénomènes émergents, et à l’importance de l’environnement. La notion de programme génétique du développement ne demeure plus que sous sa forme métaphorique.
Dans son acception plus récente, l’épigénétique joue un rôle précis, mais limité, dans la morphogenèse.